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Responsables de groupes de jeunes, oubliez les artifices !

C'est incroyable ce que les jeunes sont capables de manger. J'aime les sushis, mais ce n'est pas du tout pareil avec un poisson rouge. Je me suis assis à l'arrière de la foule et j'ai analysé la situation avec un curieux mal de mer, observant l'émerveillement des jeunes tout en gardant un œil sur la poubelle la plus proche ! Un chant puissant retentit dans la salle : « Mar-cus, Mar-cus ». Et il descendit, sous les acclamations des jeunes. Il faisait rêver les jeunes garçons et dégoûtait les jeunes filles. Le champion collecta ses prix et quitta la scène avec la marque du héros sur sa ceinture.

« Et bien, que pouvons nous faire la semaine prochaine ? » pensais-je. « Je n'imagine même pas manger un poisson rouge. » A l'époque, j'aidais à mettre en place le programme du groupe de jeunes, et nous avions gravi petit à petit l'échelle des « événements choc » pour attirer davantage de jeunes. Cela semblait fonctionner. Chaque semaine, de nouveaux jeunes se présentaient, qui semblaient incarner un peu de ces « événements choc ».

Avec le temps, pourtant, nous avons fini par être à cours d'idée et avons commencé à désespérer. Les jeunes semblaient s'ennuyer, et il nous fallait rapidement trouver quelque chose d'autre. Nous n'avions qu'un petit budget, alors nous avons décidé d'être de bons intendants et avons dépensé ce qui nous restait pour faire venir un groupe de rock « chrétien » à l'église (bien que personne n'ait jamais entendu parler de ce groupe). Ce dernier arriva, se mit en place et fit sa balance depuis une scène dans le gymnase de l'église. Il agrémenta le show d'une chorégraphie. J'étais stupéfait ! « Les jeunes vont adorer ça » pensais-je à haute voix.

A ma grande stupéfaction et mon plus grand désarroi, seulement huit jeunes sont venus. Ils sont restés alignés sur une rangée, les bras croisés, écoutant le bruit sourd faire écho dans la salle vide. Je n'en pouvais plus. J'étais épuisé par le ministère au sein du groupe de jeunes, alors que je venais juste de commencer. Il y avait eu quelque chose de plus profond, de plus riche, et de plus satisfaisant que ça. Il y avait certainement quelque chose qui nourrirait plus la jeunesse qu'un poisson rouge frétillant et un groupe de musique hors de prix.

Nous pouvons faire mieux

La merveilleuse et absolue vérité est que Dieu nous a déjà fourni les moyens de nourrir son peuple, et nous nous trouvons nous-mêmes en pensant pouvoir faire mieux. Il s'agit des « moyens de grâce », notamment la Parole de Dieu, la prière et les sacrements. D'autres ordonnances de Christ, comme un service motivé par l'Évangile et une communauté centrée sur la grâce, devraient également, et à juste titre, être ajoutés à cette catégorie (cf. Actes 2:42-47).

Bien trop souvent, les programmes de jeunesse sont devenus des spectacles de modèles dans le ministère dans le but de faire venir du monde. Le succès est devenu le nom du jeu de croissance de l'église. Les effets dévastateurs, cependant, ne se voient pas que dans le nombre de jeunes quittant l'église après le lycée, mais aussi dans une vision du monde superficielle des adolescents d'un point de vue spirituel et théologique. L'ironie du sort est que ces jeunes veulent en fait grandir et apprendre de dures vérités. Ils veulent savoir quoi penser de la souffrance, comment prier et les raisons pour lesquelles Jésus a dû mourir.

S'il y a une chose qu'un responsable de groupe de jeunes sait – même après seulement quelques mois dans le ministère – c'est que la fatigue et le sentiment d'épuisement viennent avec la tâche. La pression constante des parents, des jeunes, des responsables d'église, du pasteur, et même de sa propre famille peuvent user rapidement un ministère.

Ajoutez à cela le stress continuel des attentes en terme de chiffre. La question la plus fréquente est « Combien ? » Ça devient parfois un fléau et un fardeau, et peut être une occasion de chute pour notre orgueil (Wow, j'ai réussi à faire venir beaucoup de monde ce soir !), ou pour notre désespoir (Personne n'est venu … et personne ne viendra la semaine prochaine non plus).

Il n'est pas étonnant qu'en moyenne, un pasteur jeunesse à plein-temps reste au même endroit moins de 18 mois (selon une statistique américaine).

Mais tout comme les pasteurs dans l'église de Christ, notre mission est d'être fidèles au Seigneur dans les dons du ministère qu'il nous a donnés et de regarder à lui afin qu'il pourvoie en terme de  croissance. Nous sommes appelés à planter et à arroser l'Évangile de Jésus-Christ, alors que Dieu accorde la croissance (1 Co 3:7). C'est facile d'être motivé par le nombre parce que ça permet d'avoir un ministère qui soit « bien vu » (si beaucoup de jeunes, viennent, évidemment). Mais Dieu ne recherche pas les regards et les approbations; il recherche des cœurs.

Notre mission

Quand vous réalisez que votre mission est de simplement être fidèle, vous allez ressentir un incroyable sentiment de liberté et de joie. Mais la question qui s'impose alors est : qu'est-ce qu'être fidèle à Dieu dans le ministère jeunesse ? Je maintiens que le « comment » être fidèle dans le ministère jeunesse (tout comme dans n'importe quel ministère) est démontré au travers des moyens de la grâce de Dieu qui transforme.

La jeunesse a besoin des moyens de grâce dont Dieu a pourvu son église (la communauté locale, inter-générationnelle de pécheurs saints) pour fournir à la fois le contenu et la méthode du ministère. C'est là le modèle biblique, donné par Christ et dont l'Église primitive a été le témoin, et qui reste, je le crois, l'approche la plus fidèle et christo-centrique du ministère jeunesse aujourd'hui.

Jésus a dit « Je suis le cep de la vigne, vous en êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, portera du fruit en abondance, car sans moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jean 15:5)

En dehors de l'Esprit qui prend l'œuvre accomplie par Christ et l'applique à nos vies, nous ne pouvons rien faire qui puisse satisfaire ou honorer Dieu. Ici, Jésus nous appelle à une vocation singulière et se concentre sur le « demeurez en moi ». En tant que responsable jeunesse, notre mission est de les guider vers cette vraie Vigne, où ils trouveront la grâce, le salut et la seigneurie de Christ. Les moyens de grâce sont des outils et des dons que Dieu a donné à son église pour augmenter sa foi, son espérance, son amour et sa joie en Lui. Le ministère jeunesse devrait toujours diriger les jeunes vers Dieu, et non vers un homme. Ce ministère devrait toujours se préoccuper de porter des fruits comme un effet de sa fidélité à la Vigne.

De tout mon cœur, je vous supplie de ne pas être tenté par le “succès”, le professionnalisme, ou les modes éphémères de notre culture axée sur le divertissement. Au contraire, poursuivez Jésus comme le trésor pleinement satisfaisant qu'il est et nourrissez son jeune troupeau avec les moyens que Dieu a prévus.


Traduction : Charlotte Delbecque

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