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Quand Tim Keller parle de la prédication, j’écoute. Tout comme environ 1 900 autres personnes durant son atelier lors de la conférence TGC « Prêcher pour atteindre le cœur » à Orlando, en Floride (nde : en 2015).

De plus, le nouveau livre de Keller,  “Preaching: Communicating Faith in an Age of Skepticism” (Prêcher : communiquer la foi à l’ère du scepticisme) [est disponible en anglais.]

Combien de fois avons-nous entendu ou nous-mêmes prêché un message biblique qui ressemblait plus à un cours magistral qu’à une prédication — une prédication qui informe, certes, mais qui ne parvient pas à transformer. Keller nous a aidés à réfléchir sur ce thème, comment prêcher pour atteindre le cœur, et par le cœur la personne toute entière.

Atteindre le coeur pour atteindre la personne toute entière

Keller a commencé l’atelier en citant Alec Motyer. Pour ce dernier, un pasteur a deux responsabilités : une première vis-à-vis de la vérité qu’il annonce, et une deuxième vis-à-vis des gens à laquelle il l’annonce. Les livres sur la prédication se concentrent plus sur la première responsabilité et négligent le travail également vital de la contextualisation et de l’application. Le manque d’équilibre entre les deux explique en partie pourquoi une prédication n’arrive pas à parler au cœur.

La vision biblique du cœur est unique dans la pensée humaine. A travers l’histoire, les humains ont essayé de monter le cœur et la raison l’un contre l’autre : les cultures anciennes en élevant la raison et la vertu pour écraser les émotions, et les cultures modernes en élevant l’expression personnelle au plus haut niveau. Dans la Bible, le cœur est le siège de nos émotions mais aussi de notre confiance la plus profonde. Prêcher pour atteindre les cœurs touche non seulement les émotions, mais aussi la personne en entier, notamment nos pensées et notre volonté.

Connaître avec le cœur

Keller a rendu ce point parfaitement clair avec une illustration tirée d’une de ses expériences au début de son ministère.

Lors d’une rencontre avec une adolescente dépressive, en réponse aux bénédictions spirituelles dans sa vie, elle a dit  « Je sais que Jésus m’aime, mais à quoi cela me sert-il si aucun garçon à l’école ne veut même pas me regarder ? » Keller a fait référence à la distinction établie par Jonathan Edwards entre l’opinion et la connaissance, et il a suggéré que nous ne connaissons réellement des vérités abstraites qu’une fois qu’elles deviennent réelles pour le cœur. Cette transformation en une connaissance du cœur (sic. « heart knowledge ») est l’objectif de notre prédication.

Par conséquent, prêcher n’est pas juste la transmission de la vérité dans l’esprit des auditeurs; plus profondément, c’est faciliter l’expérience de la vérité dans le coeur des auditeurs. Autrement dit, l’objectif de la prédication n’est pas simplement d’annoncer l’amour de Dieu, mais d’amener cet amour de Dieu dans les cœurs des personnes de l’auditoire d’une façon si vivante que cela les transforme, là, directement “sur leur chaise”.

Keller a évoqué 6 caractéristiques d’une prédication qui engage les cœurs. Je les liste ici, avec ma vision personnelle de ce qu’il faut en retirer.

1. Une prédication qui tient compte de la culture environnante

Si votre prédication n’aborde pas les autres courants de pensées omniprésents dans la culture mondaine, en compétition avec l’Evangile, elle rebondira sur la surface de plusieurs auditeurs, au lieu toucher leur cœur. Par exemple, considérez le point de vue suivant : si deux personnes s’aiment vraiment, pour elles, avoir des relations sexuelles est normal. Pour dégonfler ce mythe, les prédicateurs ne peuvent pas simplement exposer la vérité biblique au sujet de la sexualité pour ensuite espérer que l’auditoire changera. Le prédicateur doit démontrer comment la vérité biblique se heurte aux habitudes culturelles  et en quoi la vérité biblique est bien plus épanouissante et pleine de sens. Combien de mes prédications ont manqué de faire ça ? Et quelle différence énorme cela peut faire !

2. Une prédication qui vient du coeur

L’auditoire doit sentir que le prédicateur a été blessé et guéri par le texte. De nombreux prédicateurs essayent trop, par leurs propres moyens, d’être de bons prédicateurs ou d’être passionnés. Pour atteindre ce but, les prédicateurs doivent (1) connaître parfaitement leur message et (2) avoir une vie de prière très riche. 

3. Une prédication qui stimule l’imagination

Une des grandes erreurs au sujet des illustrations dans les prédications est de penser qu’elles doivent être toujours une histoire. Les images et les métaphores (sic. « word picture ») peuvent aussi être puissantes. Par exemple, dans sa fameuse prédication : «  Sinner in the Hands of an Angry God » (« Pécheur entre les mains d’un Dieu en colère »), Jonathan Edwards dit «  tout comme la toile d’une araignée ne peut pas retenir une pierre qui tombe, toute votre justice ne pourra pas vous justifier ou vous retenir d’aller en enfer ». Connecter une vérité abstraite à quelque chose de concret, à une expérience sensorielle, permet une meilleure pénétration dans le cœur. 

4. Une prédication qui est concrète

Une des façons les plus utiles d’aborder l’application est la méthode du dialogue : poser des questions. Plus les questions seront précises, et mieux ce sera. Keller l’a dit avec éclat : « il faut presque qu’une partie de votre prédication ressemble à une séance de relation d’aide ». Imaginez que vous êtes dans le fauteuil de l’accompagnant et que vous parlez directement à quelqu’un, puis faites exactement de même dans votre prédication. 

5. Une prédication qui fait appel au merveilleux

J. R. R. Tolkien a dit que les contes de fées continuent d’être très populaires parce que les personnages échappent au temps, à l’espace, à la mort, sont en communion avec des entités non humaines, trouvent l’amour parfait et triomphent du mal. L’Evangile répond à toutes ces attentes humaines profondes. Alors, est-ce que nous prêchons de cette façon là ?  Y a-t-il une part d’émerveillement dans nos prédications ?

6. Une prédication qui est Christocentrique

Une prédication ne pourra pas toucher les cœurs si elle ne prêche pas Jésus à partir de chaque texte. Keller a cité un commentaire de sa femme, Kathy, au sujet de ses prédications au début de son ministère : tant qu’il ne parle pas de Jésus, c’est juste une prédication, un monologue. Mais quand il en arrive à la partie où il prêche Jésus, tout le monde pose son stylo et, au lieu de sentir qu’ils sont entrain de marcher, les gens ont le sentiment de s’envoler. L’adoration commence. 

Les difficultés et la beauté de la prédication 

J’ai quitté l’atelier avec un sentiment contradictoire. D’un coté, je regarde mes propres prédications et je me dis que j’ai tellement de progrès à faire. L’argument de Keller au sujet de l’exégèse de la culture environnante m’a particulièrement marqué. Aïe ! Il est temps de reprendre le travail, de creuser plus en profondeur, de re-penser, de prier plus et d’aller encore plus loin. Cela me rappelle la phrase de  Martyn Lloyd-Jones « N’importe quel homme qui comprend un peu ce que veut dire prêcher, aura le sentiment qu’il n’a jamais prêché »

D'un autre côté, Keller m’a sensibilisé sur la beauté de la prédication. Il m’a motivé à continuer d’aller de l’avant dans ce ministère, à continuer de me donner à Dieu et à me confier en lui sachant qu’en lui, mon travail ne sera pas vain (1 Cor. 15:58) Cela me rappelle la suite de la phrase de Lloyd-Jones: « N’importe quel homme qui comprend un peu ce que veut dire prêcher, aura le sentiment qu’il n’a jamais prêché. Mais il continuera d’essayer, espérant que par la grâce de Dieu, il pourra un jour vraiment prêcher.»


Traduction : Ellen Zevounou

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