C’est là une expression familière utilisée en note par un traducteur, pour rendre l’exhortation de Hébreux 10.25: N’abandonnons pas notre assemblée Voilà qui me rappelle mes timides tentatives d’école buissonnière, dans mon enfance, et les cuisants souvenirs qu’elles m’ont laissés lorsque le pot aux roses était découvert. Apparent vainqueur d’un moment, en définitive j’étais toujours perdant. Dans la suite du verset, le Saint-Esprit souligne un des dangers courus par celui qui tourne le dos à l’église locale: rétrograder, dévier, se refroidir en passant à côté de l’encouragement, de l’exhortation et du soutien mutuels indispensables pour une croissance harmonieuse du disciple de Christ. Et, faut-il le dire, il y en a beaucoup d’autres !
Je crois en effet à l’importance capitale de l’engagement personnel persévérant de chaque membre du corps de Christ dans une église locale, ceci sans tomber dans les excès de la «réunionite» entre autres. On attribue à John Wesley ou à l’un de ses proches cette parole: «La Bible ne sait rien d’une religion solitaire.» Le christianisme authentique, vécu dans sa plénitude, est communautaire ou n’est pas. Preuve en est la vitalité éloquente de l’Église souterraine sur plus de la moitié de la surface du globe où les vrais disciples sont attirés par le Saint-Esprit les uns vers les autres pour faire route ensemble, quel que soit le prix à payer! Ils savent l’importance du rassemblement des croyants et se réunissent au péril de leur vie, parcourant souvent des distances impressionnantes par tous les temps. Arrêtés, maltraités, emprisonnés, aussitôt rendus à la «liberté» ils cherchent la compagnie de leurs frères et sœurs en la foi pour adorer, s’ instruire et témoigner.
Il est des croyants enflammés pour l’évangélisation, trop peu nombreux hélas, mais qui la dissocient de l’église locale. A peine mis au monde, le bébé en Christ est déjà livré à la rue, sans nourriture et sans soins… à la merci des sectes toujours à l’affût. D’autres ont été déçus par «l’église héritage», bâtiment sombre et froid, bancs inconfortables, pesanteur de traditions étouffantes, monologue hermétique de l’officiant… et ont tout plaqué, semblant avoir de la peine à concevoir l’existence d’autre chose que ce qu’ils ont connu. Certains, victimes de leur idéalisme, ont quitté la communauté parce qu’elle n’était pas parfaite ou exactement selon leur convenance et vont désormais d’une fleur à l’autre en butinant çà et là comme une abeille… sans ruche. Il y a aussi les chrétiens «Robinson» qui errent et dévient par refus des structures, de l’autorité, des responsabilités tout comme ils remettent en question l’institution de la famille par exemple.
Il est vrai que s’engager dans une communauté locale signifie discipline personnelle, régularité, persévérance dans l’effort, solidarité dans les joies et les peines, dans les victoires et les revers. C’est une école d’humilité et d’amour, car il faudra y apprendre à être aidé, corrigé, repris, encouragé, mais aussi à donner et se donner. Que d’aiguillons désagréables pour le croyant «indépendantiste» et soucieux d’assurer «sa liberté», intoxiqué par l’esprit d’un monde qui insiste sur ses droits et refuse devoirs et contraintes. Dans cette brève galerie de portraits qui est loin d’être exhaustive, je ne veux pas oublier de chers frères et sœurs qui connaissent parfois bien malgré eux un isolement géographique douloureux, l’Église évangélique la plus proche étant très éloignée. Mais il y a des remèdes à ces situations: relations épistolaires et téléphoniques régulières avec la communauté lointaine dont on tient à être membre quand même, ministère de visites aux isolés, intercession et évangélisation pour que le voisinage s’ouvre au message du salut, service de cassettes, etc. L’isolé fera tout pour tisser des liens avec la communauté éloignée et celle-ci fera tout pour travailler avec lui et l’entourer.
Mais ne faisons pas l’église buissonnière !
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