Aidez TGC Évangile21 à équiper les croyants pour qu'ils restent fermement attachés à l'Évangile dans une culture qui change radicalement.

×
Parcourir

Tout récemment est réapparu sur Facebook, un peu comme par magie, un vieil article d’Actu-chrétienne que je n’avais pas vu à l’époque, probablement parce que je ne lis pas ce webzine. Mais voilà qu’il y a quelques jours un post rappelant cet article émerge. L’article en question ? Il est tapageusement intitulé « Le pasteur Daniel Vindigni invite les évangéliques à quitter le Protestantisme et à fuir l’oecuménisme ». La publication de cet article et les réactions lues sur les réseaux sociaux (Facebook) éveillent en moi plusieurs réactions.

Quels sujets traiter ?

Tout d’abord, un tel article me donne envie de pleurer sur la condition de certains journaux évangéliques. Et, dommage pour Actu-chrétienne, c’est l’un de ses articles qui sert d’exemple. Actu-chrétienne, journal en ligne qui se proclame « 1er webzine évangélique » ! Mon premier problème : le sujet choisi

Un pasteur évangélique, plus ou moins connu, nous exhorte à nous séparer de la Fédération Protestante de France, et à nous méfier de l’oecuménisme. OK, et donc ? Non, parce qu’honnêtement, des opinions théologiques tous les pasteurs en ont. Forcément, il y a au moins un pasteur évangélique en France qui va exiger la « sortie » de la FPF ! Mais pourquoi faire de l’opinion de ce pasteur l’un des gros titres ? La réponse est dérangeante. Il faut sortir des articles, il faut faire réagir. Alors du coup on prend l’opinion personnelle d’un pasteur qui n’a pas d’influence particulière dans le monde évangélique, et on en fait un titre alléchant. Et hop ! Un sujet à controverse de plus !

Arrivés là, nous avons un sérieux problème. Nous voulons simplement faire des gros titres. Car en fin de compte, faire ceci, c’est un peu comme faire un gros titre sur un boulanger au fond de ma Drôme natale qui pense que les boulangers ne devraient plus cuire que des baguettes et qu’on devrait interdire l’import de tout produit étranger. Quelle importance aurait cette opinion sur le monde de la boulangerie française ? Aucune ! Et elle devrait n’avoir aucune importance.

Mais non, le journalisme chrétien a eu besoin de faire d’une opinion sans réelle importance au sein du monde évangélique l’un des gros titres. L’étalage de toutes les nouvelles possibles et imaginables, surtout les pires, n’est pas du journalisme. C’est du voyeurisme.

Du journalisme à la foi

Je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a quelque chose de morbide à étaler ces « mauvaises nouvelles ». Morbide : nous aimons les mauvaises nouvelles. Mais il y a quelque chose de plus profond, de plus spirituel même. L’orgueil. Cela peut nous arriver à tous, alors posons-nous la question : notre obsession avec ces mauvaises nouvelles n’est-elle pas un moyen de nous valoriser ? « Regardez ce pasteur ! À côté de lui, je suis (au choix) : tolérant, ouvert, sérieux, spirituel, etc. »

Ceci se voit dans les réactions récentes que j’ai pu lire. Puisque ce pasteur invite à la sortie de la FPF, certains invitent à sortir de son Eglise. D’autres taxent de « secte » une telle Eglise. D’autres enfin vont sans plus de renseignements déclarer que ce pasteur est un « pseudo évangélique ». Et voilà le seul témoignage dont nous sommes capables. Dès qu’un autre chrétien a une opinion un peu tranchée, une opinion qu’on ne partage pas, la solution facile est de rejeter les autres. Faciles : ils ne sont pas vraiment chrétiens, évangéliques, ou que sais-je. Ceci est d’autant plus tragique que la plupart du temps ces réactions viennent de ceux qui se veulent ouverts.

Revenons à la question. Cela peut nous arriver à tous, alors posons-nous la question. Comment toujours mieux vivre cette grâce dont nous nous réclamons ? En attaquant au vitriol théologique une telle opinion, ne faisons-nous pas preuve de ce même orgueil spirituel que nous prétendons rejeter ? Trop souvent c’est le cas. Dans nos élans d’humilité, l’orgueil se tient tapi. ¨Pour éviter qu’il ne surgisse subitement, nous devons le débusquer à chaque instant. Pour vivre la grâce, il faut la rechercher tous les jours, dans tous nos posts, dans tous nos commentaires.

Quelle vision du journalisme ?

Tout cela pose, plus largement, la question de ce que notre journalisme doit faire. À mon sens, une « vision du monde » biblique du journalisme s’articule autour de trois dimensions. La première dimension, appelons-là « normative ». C’est ce à quoi se rapporte l’article. Tout article de journalisme est en rapport direct avec une personne, un évènement, et concerne donc une « norme ». Si j’écris un article sur le dernier bouquin de Tim Keller, c’est ce livre qui est la « norme » de ce que j’écris. Je ne vais pas parler d’un autre livre. Si j’écris quelque chose sur les efforts d’évangélisation du CNEF, c’est de cela dont je vais faire mon sujet. En d’autres termes, la première dimension du journalisme, c’est la vérité de ce qui est écrit et de la réalité que nous décrivons.

Mais le journalisme est aussi une investigation du monde. C’est là que le journalisme devrait trouver ses lettres de noblesses : c’est une recherche active, c’est une tentative de comprendre le monde. Mais aussi une tentative de le faire comprendre. Cela veut dire que le journalisme choisit ce dont il parle, par conviction. Le journalisme c’est donc plus que la simple communication, plus ou moins bonne, d’une information. C’est déjà une description et une interprétation du monde. Le journalisme nous invite à être en relation avec la situation humaine dans laquelle nous vivons. Et en cela, il doit toujours être un engagement personnel.

Enfin, le journalisme met en jeu une troisième dimension, encore plus personnelle. Ecrire, c’est le faire avec tout ce qu’on est. Y compris, ou en particulier même, dans le domaine journalistique. Cette dimension personnelle, on peut l’appeler éthique, mais on peut aussi la lier à certaines vertus chrétiennes comme la bonté, la maîtrise de soi, l’honnêteté. Le journalisme est une vocation humaine, une vocation donnée par Dieu.

Prions pour nos frères et sœurs journalistes

Heureusement, la plupart des journaux chrétiens sont de très grande qualité. Ayant eu à travailler avec plusieurs d’entre eux, pour des articles ou interviews, je suis reconnaissant de leur ministère. Malheureusement, ce ne sont pas toujours les meilleurs qui ont le plus grand lectorat. Le journalisme est une autre manière de démontrer notre foi. Ceci est possible même lorsque nos articles ou le journal où l’on travaille, ne sont pas explicitement chrétiens. Le journalisme est une vocation noble, digne, importante. Elle sert à nourrir l’image de Dieu que nous portons. Toute mauvaise info, toute perversion du vrai journalisme affecte cette image de Dieu.


Cet article vous a plu ? Inscrivez-vous pour recevoir nos derniers articles !

EN VOIR PLUS
Chargement