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Dans son enseignement Jésus évoque le cas où, lorsque une Eglise exerce la discipline, il peut y avoir une étape qui nous conduit à parler d’un problème grave devant l’Église.

La santé du corps implique de l’hygiène, une bonne alimentation, de l’exercice et, de temps en temps, le recours à la médecine. Ce n’est que devant des problèmes graves qu’on envisage la chirurgie, qui peut aller jusqu’à l’ablation d’un organe ou l’amputation d’un membre. Il en est ainsi dans l’Église. Si nous enseignons la Parole de Dieu, si nous suivons les gens personnellement, si nous les encourageons à marcher avec Dieu, à lire leur Bible, à passer du temps dans la prière, a priori nous aurons moins besoin d’opérations lourdes. Avant le geste chirurgical qui aboutira peut-être à radier quelqu’un ou lui interdire la participation à la Cène, l’hygiène spirituelle est vitale.

L’importance de la discipline

Depuis Augustin au moins, la chrétienté a coutume de dire que l’Église ressemble à un champ dans lequel le bon grain et l’ivraie poussent ensemble jusqu’à la fin du monde. Nous serions obligés de tolérer l’ivraie dans l’Église, sans intervenir. Mais la parabole de Jésus, qui utilise cette image, dit clairement : Le champ, c’est le monde1. Le but de l’Église, jamais complètement atteint, est d’être une pâte toute nouvelle d’où le vieux levain a disparu2.

Parfois, malgré tous nos efforts pour avoir une vie d’Église saine, des problèmes graves surgissent. Dans 1 Corinthiens 5.11 quelques exemples sont mentionnés : la débauche, l’avarice, l’idolâtrie, la calomnie, l’ivrognerie, le vol. Nous pourrions ajouter le fait de vivre aux crochets des autres3, de semer la division4. La discipline consiste aussi à ne pas laisser quelqu’un répandre des enseignements erronés sur des points importants de la doctrine ou de l’éthique chrétienne5.

Dans l’enseignement de Jésus

Jésus nous a dit comment traiter ces cas en Matthieu 18.15-17 :

15 – Si ton frère s’est rendu coupable [à ton égard], va le trouver, et convaincs-le de sa faute : mais que cela se passe en tête-à-tête. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère.

16 S’il ne t’écoute pas, reviens le voir en prenant avec toi une ou deux autres personnes, pour que tout ce qui sera dit soit appuyé sur les déclarations de deux ou de trois témoins.

17 S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Église. S’il refuse aussi d’écouter l’Église, mets-le sur le même plan que les païens et les collecteurs d’impôts.

Si ton frère a péché. Il s’agit donc de quelque chose de grave, et non de goûts ou de couleurs dont on ne discute pas. Les manuscrits divergent sur le point de savoir s’il s’agit d’un péché dans l’absolu ou d’un péché contre soi. Mais dans tous les cas, Jésus ne nous donne pas ici une procédure pour nous débarrasser de quelqu’un, mais une démarche qui vise à le rétablir.

Qui intervient ? Dans un premier temps, la personne qui a été témoin de quelque chose d’anormal ou qui a été directement touchée. Peut-être n’a-t-elle pas compris. Peut-être y a-t-il des explications plus simples. Elle veut donc vérifier les faits, et si possible gagner son frère, s’il a péché, sans impliquer d’autres personnes. L’entretien privé, qui vise à remettre sur le bon chemin quelqu’un qui s’égare, fait aussi partie des attributions particulières des responsables d’Église6.

Dans un second temps, il s’agit d’une démarche à effectuer avec deux ou trois autres personnes. Là nous pensons plutôt à des personnes d’une certaine maturité, sans doute des responsables.

En dernier ressort, c’est toute l’Église qui prend connaissance du problème et qui tranche7. Avec la difficulté particulière que nous avons dans ce cas, à savoir le respect du secret professionnel.

Considérations pratiques

Une démarche de discipline prend du temps. Et c’est bien ainsi. Il faut que la personne qui a péché ait le temps de réfléchir à ce qu’on lui dit et de mesurer les conséquences de son acte. Il faut que du côté de l’Église on fasse preuve de modération, de patience, de persévérance. Dieu est patient avec nous. Il faut qu’il ait le temps d’agir dans la vie de la personne.

Soyons réalistes. Intervenir auprès de quelqu’un comporte toujours des risques. Les gens peuvent se fâcher, dire que nous nous mêlons de leurs affaires privées. Ils peuvent se durcir, se révolter. Par crainte des conséquences, on serait tenté de ne rien faire. Mais si on n’intervient pas, l’Église nous dira que nous n’avons rien fait pour aider la personne, et celle-ci se plaindra peut-être elle-même de ce que personne n’est venu la voir. La situation ne s’améliorera pas toute seule. Et, souvent, ne rien faire implique que l’Église cautionne telle ou telle faute. Son témoignage est compromis.

Nous risquons des critiques des deux côtés. Autant donc suivre sa conscience, en acceptant d’avance que nous allons peut-être connaître un échec. Voir quelqu’un qui revient à Dieu est une véritable joie.

Quelles sanctions peut-on appliquer dans la vie de nos Églises ? Très peu. On peut dire à la personne qu’elle n’est pas en règle et qu’elle ne devrait donc pas prendre la Sainte Cène, car la Cène implique d’être en communion avec Dieu et avec ses frères. Pour un membre d’Église qui a commis une faute grave, si au bout d’un certain temps, et après plusieurs démarches, on constate qu’il ne se repent pas, il doit être suspendu ou radié de la liste de membres8. Cependant, l’Église doit être prête à pardonner au fautif et à l’accueillir à bras ouverts s’il manifeste des signes tangibles de repentance9.

Dans d’autres cas, plus graves, avec des personnes qui constituent une véritable menace pour l’Église, on peut interdire l’accès aux réunions. Mais il faut généralement encourager quelqu’un qui a été mis sous discipline à continuer de venir écouter la Parole de Dieu. C’est ce que l’on souhaiterait pour un païen et un péager… à plus forte raison pour un frère égaré.

L’attitude de ceux qui sont amenés à conduire une démarche de discipline est de la plus haute importance. Le responsable visionnaire et fonceur sera davantage porté à trancher, et même tenté de provoquer la rupture ; le responsable rassembleur cherchera le consensus et sera tenté par le compromis. C’est pourquoi toute discipline doit être accomplie dans l’amour et l’humilité. C’était l’attitude de l’apôtre Paul10. Insistons sur l’amour, parce que nous désirons la restauration des fautifs ; insistons sur l’humilité, parce que nous réalisons notre propre faiblesse11. Et cherchons la face de Dieu dans la prière.

Série : Secret professionnel & protection des personnes vulnérables

Articles :

  1. L’Église et la confidentialité
  2. Confidentialité et discipline d’Église
  3. Le secret professionnel dans l’Église
  4. Le secret professionnel et la protection des personnes vulnérables
  5. Les chrétiens et le recours à la loi

1Mt 13.38

21Co 5.6-8

32Th 3.4, 11-15

4Rm 16.17-18 ; Tt 3.9-11

5Rm 16.17-18 ; Tt 1.10-11 ; Ap 2.2, 14-16, 20

61Th 12, 14

7Deux des étapes de Mt 18 sont évoquées en 1Tm 5.17-20.

81Co 5.4-5, 11-13 ; 2Co 2.6 ; 2Th 3.6-15

92Co 2.7-8

102Co 2.4

11Ga 6.1

 

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