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VII. Heureux les artisans de la paix car ils seront appelés fils de Dieu.
Ayant trouvé, reçu, la paix du cœur, le disciple du Christ va s’appliquer à être un artisan de la paix.
La paix, c’est la splendeur de l’ordre. C’est l’instant où tout est à sa place, justement, selon Dieu.
Dans le monde déchu où nous sommes, il y a désordre : il y a inimitié entre l’homme et Dieu, entre l’homme et l’homme. Inimitié dans le couple, dans la famille, dans le métier, dans la cité, entre les peuples et jusque dans les Églises.
Paul désigne l’Évangile comme « l’Évangile de paix (Eph. 6:15), et Pierre parle des évangélistes comme « proclamant la paix par Jésus-Christ » (Actes 10:36).
« Je vous laisse Ma paix, je vous donne Ma paix », dit Jésus aux siens.
Quand Paul parle de la Réconciliation opérée par Jésus, et dont les chrétiens sont serviteurs et ambassadeurs (2 Cor. 5:18-20), c’est à Jésus, notre paix, qu’il pense.
Paradoxalement d’ailleurs, cette paix qu’apporte et donne Jésus et dont il fait des siens les artisans produit un conflit. Et cela parce qu’il y a une fausse paix, celle des compromis, des hypocrisies, des mensonges, et que la paix de Jésus attaque et menace. « Je ne suis pas venu apporter la paix sur la terre, mais I’épée. »
Artisans de la paix du Christ, les chrétiens attaquent la fausse paix qui les contre-attaque à son tour.
Mais puisque le Seigneur, le Prince de la paix, le Fils de Dieu, a apporté la paix tout en combattant les fausses paix du monde, les disciples, chevaliers du Prince de la Paix, seront appelés fils de Dieu en suivant leur chef dans le service de sa paix et l’opposition aux fausses paix.
VIII. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le Royaume des cieux est à eux.
Cette huitième béatitude est comme contenue en puissance dans les sept premières. Comme si Jésus disait à ses disciples: « Si vous êtes mendiants-quant-à-I’Esprit, affligés, doux, affamés et assoiffés de la justice, miséricordieux, purs quant-au-coeur, artisans de la paix et heureux ! -, voilà ce qui vous attend : la persécution. Eh bien ! Soyez encore heureux d’être persécutés, car le Royaume des Cieux est vôtre ! »
La différence entre cette huitième béatitude et les sept premières, c’est qu’il est impossible de s’y appliquer.
Dans la communion du Christ et par la force que donne l’Esprit-Saint, nous pouvons et nous devons nous appliquer à être mendiants-quant-à-l’Esprit, affligés, doux, etc…
Il dépend de nous, sous la souveraineté de la grâce de Dieu, que nous soyons, que nous devenions tels.
Mais nous ne pouvons pas nous appliquer à être persécutés. Cela ne dépend plus de nous. La persécution est comme le manteau de gloire que le Seigneur place sur les siens quand et où il veut, et pour la durée qu’il veut. Ce à quoi tout de même nous pouvons et devons nous appliquer c’est à ne pas être persécutés à cause de notre sottise ou de notre fanatisme. Jésus précise: «Ceux qui sont persécutés pour la justice».
Nous n’avons pas le droit de confondre la justice de Dieu et l’honneur du nom de Jésus-Christ avec quoi que ce soit d’autre. Il y a un esprit du martyre qui n’est pas l’Esprit-Saint. La seule manière de nous appliquer, à ne pas manquer à la possibilité – et à la gloire ! – de la huitième béatitude, c’est de nous efforcer d’être fidèles aux sept premières.
Note éditoriale : cet article est la dernière partie [partie 1, partie 2 et partie 3] d’un texte du pasteur Pierre Courthial publié dans ICHTHUS, n°3, mai 1970, sous le titre “Réflexions sur les béatitudes”