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Alors que mon mari et moi nous trouvons brusquement plongés dans une profonde détresse, une simple phrase envoyée par email vient poser un premier baume sur la plaie ouverte : « Je suis assis par terre avec vous ». Ce qu'ont fait les amis de Job à leur arrivée auprès de leur compagnon meurtri (Job 2.12-13).

Notre fils est décédé quelques heures avant sa naissance, et je ne connaîtrai pas la joie de le voir grandir. Je crie à Dieu, convaincue de sa bonté envers nous. Comment sa bonté se manifestera-t-elle dans les jours, les semaines à venir ? Comment vais-je traverser cette tempête ? Qui voudra braver la tempête à nos côtés ?

Face à la souffrance, nous ressentons tous un malaise profond. Quand nous assistons, impuissants, à la détresse de quelqu'un que l'on connaît, nous voudrions aider, consoler, encourager. Nous craignons de mal faire, nous restons sur nos gardes. La situation met en lumière nos limites, nos défaillances. Nous finissons même par vouloir que la souffrance disparaisse pour notre propre confort. La personne qui souffre, elle, a besoin d'amis qui s'assoient à ses côtés pour comprendre sa souffrance.

Dans sa bonté, Dieu a pourvu et dans notre faiblesse, son amour s'est manifesté à travers de telles personnes, qui ont osé s’asseoir avec nous, un moment. Et ce qu'elles ont fait m'a montré comment Dieu prend soin de nous.

Elles m'ont rappelé la vérité

Pendant les semaines qui ont suivi le décès de notre bébé, le choc, la douleur, le manque de sommeil ont embué mes pensées. Certains jours, comme j'étais trop lasse pour ouvrir la Bible moi-même, c'est mon mari qui me lisait à haute voix sa lecture quotidienne. D'autres ont nourri ma foi en proclamant dans leurs prières avec nous la bonté et la grâce de Dieu.

Rappeler la vérité à quelqu'un qui souffre, ce n'est pas juste citer un verset pour inviter la personne à sortir de son gouffre, c'est oser entrer soi-même dans son gouffre et lui dire que Dieu s'y trouve aussi.

Ainsi ceux qui m'ont encouragée sont ceux qui n'ont pas eu peur de ma souffrance mais m'ont exhortée à ne pas faire une pause dans ma marche chrétienne. Je souffre, mais j'ai quand même besoin d'être exhortée à la sanctification. Je pleure, mais je dois confesser mon refus de pardonner ceux qui m'ont offensée. Une amie m'a un jour mise en garde contre mon amertume grandissante. Elle l'a fait avec douceur et bienveillance, et une serpillière à la main : elle était venue une semaine me soulager dans les tâches ménagères. Ses paroles m'ont montré mon péché et m'ont aidée à fixer à nouveau mes pensées sur Christ. Fondées sur la Parole et accompagnées d'un esprit de service, elles m'ont fortifiée et ont rendu gloire à Dieu. L'encouragement dans la vérité est rendu puissant par l'affection, la bonté que nous avons les uns pour les autres (Philippiens 2.1).

Elles ont allégé le quotidien

À l'exemple de mon amie, plusieurs ont eu le souci de nous aider à gérer le quotidien. Emmener les enfants jouer dans la forêt, livrer un repas tout prêt pour le soir, plier le linge… Dieu a manifesté sa bonté à travers la créativité et la disponibilité de ces frères et sœurs.

Qu'elles se soient assises par terre avec nous, pour pleurer, ou qu'elles se soient mises au travail dans la discrétion, ces personnes ont cherché à nous faire du bien parfois sans être certaines d'être vraiment utiles. Quelle belle manifestation de l'amour de Dieu pour nous !

Ce qui rend notre service pour les autres plus efficace, c'est de prier que Dieu nous inspire les idées, et de ne pas attendre que la personne en souffrance nous demande quelque chose de précis. Beaucoup de personnes nous ont demandé de leur faire signe si on avait besoin d'elles. Incapables de voir par nous-même ce qu'elles pourraient faire, nous n'avons jamais répondu. Et quand bien même nous aurions su, le temps qui passe rend plus difficile l'appel à l'aide : les gens ont repris leur rythme, seul le nôtre reste synchronisé à la souffrance.

Elles n'ont pas décidé quand je devais aller mieux

Il n'y a pas de planning dans la souffrance. Pendant combien de temps doit-on pleurer son enfant ? 1 mois ? 6 mois ? 6 ans ? Je me souviens de la première fois où j'ai ri aux éclats, six semaines après l'enterrement. Ça m'a fait pleurer. Je me souviens de la première journée sans larmes. Ça m'a fait pleurer… le lendemain.

Un merveilleux cadeau que l'on m'a fait a été de ne pas m'obliger à être prévisible, de ne pas avoir à aller mieux, là, maintenant.

On confond parfois détresse et manque de foi. Et si l'on estime qu'il est temps que la personne aille mieux, on prend peur pour sa relation avec Dieu !

Je n'ai pas douté de Dieu, je n'ai pas accusé Dieu, pendant ces longs mois de deuil intense. Mais je me suis souvent sentie abattue. Je n'étais pas affligée « comme les autres, qui n’ont pas d’espérance » (1 Thessaloniciens 4.13) mais la vie sur terre m'était plus pénible.

Lorsque je pouvais dire ces choses à des personnes sans qu'elles ne citent d'emblée Romains 8.28, je me sentais vraiment écoutée. Si l'on veut offrir à quelqu'un un espace de parole où il est possible d'ouvrir son cœur, on doit se retenir de lui dire ce qu'elle doit ou ne doit pas ressentir ou faire.

Il est évident que chacun souffre différemment et cherche la consolation de diverses manières. La souffrance ne peut pas être définie en une phrase, ni étudiée et analysée. C'est une expérience humaine qui se vit, et qui peut être réellement soulagée si l'on relève le défi d'être de ceux qui s'arrêtent, s'assoient, écoutent avec humilité et bonté.


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