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Pourquoi le choix de vos mots est plus important que vous ne pensez parfois

Plus par Damien Wary

Ce n'est pas un scoop, notre génération a de sérieux problèmes… Je ne veux pas noircir le tableau c'est vrai, mais il y a au moins une chose qui me frappe depuis quelques mois déjà : les jeunes sont devenus si « cool », aiment faire des trucs si « fun », que le mot « discipline » ne semble plus renvoyer qu'à un de ses vieux concepts poussiéreux et ringard ou encore, au meilleur des cas, à un mal nécessaire.

J'aimerais prendre un exemple dans cet article… mais avant cela j'aimerais que vous vous posiez la question suivante : Quel est, à votre avis, l'indice de la maturité d'un chrétien ? De nombreuses réponses se bousculent peut être dans votre tête… et une des réponses que la Bible nous apporte est celle que l'on va scruter dans ces quelques lignes qui suivent : 

« Nous trébuchons tous à maintes reprises. Si quelqu'un ne trébuche pas en paroles, c'est un homme parfait, capable de tenir tout son corps en bride. » (Jacques 3.2)

En effet, combien de fois j'ai été choqué par l'utilisation de gros mots dans la bouche de personnes qui se proclamaient chrétiennes haut et fort (et cela ne semble parfois pas les déranger… malgré le texte si clair de Colossiens 3.8) ! Bien sûr en communauté, avec les frères et sœurs, on fait (assez souvent) attention à son vocabulaire afin de coller au langage évangélique… mais une fois dans la rue, l'adaptation se fait à une vitesse si extraordinaire qu'elle se confondrait presque à de l'assimilation ! On ne voit plus la différence qui devrait être évidente pour tous. Le sel ne devient bon qu'à être piétiné.

La langue, un organe de direction

J'aimerais revenir brièvement sur un des chapitres bien connus qui traite de la question primordiale et quotidienne du choix de nos mots. Nul besoin d'innovation. La méditation et la lecture en prière d'un texte bien connu sont largement suffisantes pour produire l'effet voulu. Faisons donc quelques remarques sur le texte de Jacques 3, afin que chacun se sente poussé à méditer plus en profondeur ce sujet et applique sans tarder dans sa vie personnelle la volonté de Dieu en ce qui concerne la manière dont on doit s'exprimer.

Après l'introduction des v.1-2, ce chapitre nous donne trois images pour décrire l'importance et l'influence de nos paroles (si petites nous semblent-elles) sur tout notre corps : lâcher le mors ou le gouvernail ne peut se faire qu'au risque de tuer le cheval ou de faire échouer le navire (v.4-5) ! Dans ce texte il n'est pas question de savoir se taire mais de savoir parler correctement (cf.v.1). Ainsi ces deux images nous suggèrent plutôt d'utiliser la langue pour diriger l'ensemble du corps dans la bonne direction.

Éphésiens 4.29 est un magnifique verset qui abonde dans le même sens.

En bref : La langue est le lieu stratégique qui dirige tout notre corps. Si nous avons abandonné provisoirement la barre de notre navire, ces textes nous invitent clairement à revenir aux commandes afin d'obéir aux ordres de notre capitaine.

Comment déclencher un feu de forêt avec … sa langue ?

La troisième image est plus surprenante car elle apparaît plus négative et destructrice (v.6, cf.8b) : le feu de forêt. On pourrait écrire des pages et des pages (certains l'ont fait…) sur ce verset qui utilise à plusieurs reprises des mots et expressions qu'on ne retrouve pas ailleurs dans le Nouveau Testament. Je me risque à dire que l'idée essentielle à retenir ici est le fait que la langue n'est pas un instrument neutre (comme le gouvernail ou le mors) mais bien un membre atteint par le péché depuis notre conception. Cela nécessite donc de redoubler de prudence et d'effort dans cette lutte qui doit être comparée davantage à un combat de tir à la corde face à un ennemi acharné, qu'à un jeu de marionnettes dont je dois tirer les ficelles.

Une autre question peut être soulevée : comment concilier l'impératif(1) de 10b (maîtriser sa langue) avec l'indicatif de 8a (aucun homme ne peut maîtriser sa langue) ? En effet, ces deux versets semblent vraiment se contredire… En fait cette remarque pourrait être élargie à de nombreux textes bibliques car Dieu ne limite pas ses commandements à ce que nous sommes capables de faire (la Bible tiendrait sur un flyer sinon…). Pour faire court, on peut remarquer que Dieu nous commande l'impossible afin que nous nous rendions compte de notre propre incapacité et que nous nous tournions vers lui, le seul capable de donner ce qu'il ordonne, et le seul assez bon pour couronner ce qu'il donne (selon le célèbre mot de l'évêque d'Hippone).

Alors si tu batailles pour être un témoin dans ta manière de parler, que tes efforts (si pénibles soient-ils) soient soutenus par la joie et la puissance de l'Esprit (dans la prière), et dirigés vers le Christ (combattant par et pour sa Parole).

La langue, un vrai problème cardiaque !

On en arrive à la source (dans le texte aux v.11-12, mais aussi à la source du problème!). D'où viennent ces paroles inconsidérées qui peuvent sortir de notre bouche ? Ce n'est pas tant la langue en tant qu'organe physique qui est le problème (même nos gestes peuvent trahir une communication en désaccord avec la Parole de Dieu) mais bien la nature de la source (ou de l'arbre) : le cœur (encore une fois ce n'est pas l'organe physique que l'on désigne ici mais le centre décisionnel de la personne, composé de son intelligence, de ses émotions, de sa volonté, etc.).

En effet, le choix de nos mots trahit ouvertement l'état de notre cœur. Quoi de plus parlant que nos mots ! L'Évangile le dit très joliment : « C'est de l'abondance du cœur que la bouche parle » (Luc.6.45 // Matthieu 12.34).

Nous voilà donc arrivés au besoin pressant et salutaire que l'Évangile ne cesse de nous rappeler depuis notre conversion et dans notre consécration progressive de tous les jours : par sa Parole, Dieu veut transformer notre cœur pour nous faire entrer dans sa présence avec joie. Nous avons besoin que Dieu, par l'écoute régulière de sa Parole, transforme d’abord notre cœur. Ensuite nos mots suivront.

Tu as peut être déjà fait l'expérience suivante : tu passes du temps dans un pays ou une région où l'accent est prononcé, et au final tu te surprends toi aussi à commencer à prendre cet accent !

Passons du temps dans la Parole de Dieu afin que notre cœur soit transformé de jour en jour ; que nous prenions l'accent de Dieu par la puissance de son Esprit et qu'ainsi dans chacune de nos paroles tous puissent reconnaître d'où nous venons !


1- C'est un infinitif en réalité dans la forme, mais avec une force prescriptive ici

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