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Ses discours sont parsemés de remarques racistes, de ripostes profanes et vulgaires, de propos misogynes et de revendications arrogantes concernant ses adultères.

Délibérément provocateur, il incite à la haine. Lors d’un récent meeting, il déclare qu’il aimerait « donner un coup de poing dans la figure » d’un perturbateur. Quelques jours auparavant, lors d’un autre rallye, il encourage ses partisans à « cogner » les opposants qui assistent à ses meetings en affirmant qu’il paierait leurs frais d’avocat ! 

Mais, fait étonnant, il dit être soutenu par toute une partie de la population qui se définit en tant qu’évangélique alors qu’il est en contradiction flagrante avec tout l’enseignement éthique traditionnel de la foi chrétienne ! 

Plus grave encore lorsqu’on constate qu’il est soutenu, d’une part, par des personnalités politiques qui se disent évangéliques et, d’autre part, par certains télévangélistes américains.

L'ancien candidat à l'investiture républicaine, le neurochirurgien Ben Carson, qui est très apprécié des conservateurs évangéliques, a renoncé à la course il y a quelques jours et a officiellement apporté son soutien à la campagne de Donald Trump. Sarah Palin a fait de même peu de temps avant Carson !

Le président de Liberty University, Jerry Falwell Jr, soutient également la candidature de Trump en le comparant à Jésus-Christ ou à Martin Luther King Jr ! C’est d’autant plus désolant quand on considère que le fondateur de cette université, Jerry Falwell Sr, le père de l’actuel président, était connu pour sa foi vibrante et ses prises de position conservatrices. Devant ceux qui attaquent le style de vie de Trump, Falwell n’hésite pas à riposter : « Dieu a appelé le Roi David un homme selon son cœur malgré son adultère et ses meurtres » !

Inévitablement, en tant que chrétiens évangéliques du vieux continent, nous allons être assimilés une fois de plus aux « évangéliques » américains et, par conséquent, à ce courant Trumpian. 

Russell Moore, dans un article du Washington Post, déclare que, depuis quelques semaines, il ne se définit plus en tant qu’évangélique mais comme un chrétien centré sur l’Évangile.  Il continue en affirmant que le terme « évangélique » a non seulement perdu son sens mais que, pire, il pervertit la perception de l’Évangile de Jésus-Christ ! Actuellement, selon Moore, ce terme fait référence, soit à un groupe d’électeurs dans la course présidentielle, soit aux plus bouffons des télévangélistes qui mettent l’accent sur l’évangile de la prospérité ou qui attisent les peurs des mal informés avec des prophéties des temps de la fin. Il écrit : « Nous avons été trop passifs lorsque le terme « évangélique » a été adopté par les lunatiques et les hérétiques »

Comment expliquer le succès de Trump auprès des électeurs évangéliques ? 

Certes, il convient de reconnaître la distinction entre ceux qui fréquentent régulièrement l’Église et qui, pour la plupart, sont opposés à Trump et ceux qui, culturellement et sociologiquement, se réclament de l’étiquette parce qu’élevés dans la « Bible Belt » du sud des États-Unis.  

Le paysage religieux aux États-Unis a fondamentalement et considérablement évolué ces dernières décennies. L’un des journalistes du New York Times, Ross Douthat, a bien cerné le problème dans son livre « Bad Religion : How we became a nation of heretics ». Le christianisme a toujours navigué au milieu d’un océan d’idées contradictoires et l’Amérique y a contribué en fournissant pléthore d’idées novatrices en matière de religion ! 

Parmi les hérésies que Douthat relève, deux semblent bien appropriées pour décrire le phénomène de Trumpmania.

1. Le nationalisme chrétien

D’abord, Douthat soulève la résurgence d’une ancienne hérésie, le nationalisme chrétien. Selon les protagonistes de cette idée, l’Amérique est le nouveau « peuple choisi » de Dieu, une nation chrétienne. Par conséquent, le peuple ainsi que ses élus doivent contribuer à la réalisation du projet, du dessein de Dieu. Trump martèle la notion de la grandeur historique de l’Amérique en répétant l’importance de retrouver cette grandeur. Il a transformé et sécularisé l’idée d’une nation chrétienne sans que personne ne s’en aperçoive. Ce discours résonne dans les oreilles de ses auditeurs et ils sont tellement attachés à cette idée qu’ils peuvent rationaliser ou passer sous silence  tous les dérapages moraux de Trump.

2. L’évangile de la prospérité

Sous sa forme la plus basique, Dieu récompense ceux qui le prient. C’est certainement l’hérésie la plus répandue dans l’Église aujourd’hui ! Compte tenu de l’illettrisme biblique qui caractérise une grande partie de l’Église, il n’est guère étonnant de constater l’évacuation de toute idée de la souffrance comme normative dans le projet de Dieu et l’accueil à bras ouverts de l’idée que le succès et la richesse signifient la bénédiction !  Encore une fois, Trump exploite les faiblesses, les contradictions et les divisions de l’Église, car, pour beaucoup, il n’existe aucune incohérence ente ses excès rhétoriques et son style de vie et sa richesse exceptionnelle.  

Le peuple américain qui, pendant des décennies, se croyait un peuple choisi, une nation sainte, s’est enfin rendu compte que cela relève de la fiction. Les entraîneurs de football qui sont licenciés parce qu’ils prient lors des rencontres sportives, les pompiers qui sont renvoyés car ils citent l’Écriture, les boulangers qui sont boycottés et qui déposent le bilan car ils refusent de fabriquer une pièce montée pour un mariage homosexuel sont autant d’indications qu’ils vivaient dans un monde imaginaire. 

Arrive Donald Trump, Superman, Zorro, l’homme fort qui attire ceux qui se réclament de l’étiquette « évangélique » et dont la théologie est déjà sécularisée. Il parle aux peurs et aux angoisses des gens. En mettant l’accent sur la fermeté, sur la grandeur de la nation, sur la prospérité et le succès, il attire les foules et, en même temps, expose les failles et  les folies de tout un pan du christianisme américain !

Ne vous Trumpez pas !


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