L’Évangile est le message prêché et proclamé par Jésus et les apôtres. C’est la bonne nouvelle, le contenu de la foi chrétienne (Marc 1.14, Actes 14.21, Romains 1.15, 1 Pierre 1.12). C’est l’histoire du salut accompli par Dieu pour restaurer sa création déchue. Dieu a agi dans l’Histoire pour détruire le mal et réconcilier les pécheurs grâce à la vie, la mort et la résurrection de Jésus (1 Corinthiens 15.1-12).
Une Église centrée sur l’Évangile proclame ce message clairement, constamment et de façon pertinente et percutante.
Pourquoi ?
Parce que si l’Évangile n’est pas prêché, tôt ou tard, un autre évangile va prendre sa place. La nature a horreur du vide. Si l’Évangile n’est pas au centre de notre vie, de notre ministère, de notre Église, alors un autre message va prendre sa place. Un autre évangile va devenir la vérité opérante dans le cœur des chrétiens. Je ne suis pas en train de dire qu’il existe un autre Évangile (Galates 1.5). Je dis juste qu’un faux évangile va prendre la place de l’Évangile biblique.
Selon la Bible, notre comportement, notre attitude, notre façon de vivre sont liés à ce que nous croyons (Colossiens 3.1-8 ; Philippiens 1.27). La manière dont nous vivons est liée à notre compréhension de l’Évangile. Plus nous comprenons l’Évangile, plus nous allons vivre en conformité avec les vérités qu’il nous enseigne.
Par conséquent, une mauvaise définition de l’Évangile conduit toujours à une mauvaise compréhension de la vie chrétienne. Si nous acceptons ou professons un autre évangile alors les conséquences vont être visibles dans notre façon de vivre la foi chrétienne, de gérer le problème du péché dans notre vie, de servir dans l’Église, etc. … Dit autrement, si vous voulez savoir ce qu’une personne croit au sujet de l’Évangile, observez sa vie. Il ou elle est cupide ? Il ou elle culpabilise en permanence ? Il ou elle donne des leçons de morale ? Il ou elle se sent en permanence en insécurité ? Il ou elle se tue à la tâche ? C’est un problème de compréhension du message de l’Évangile.
Une liste de faux évangiles
Dans leur livre, Changer vraiment : comment ?, Paul David Tripp et Timothy Lane offrent une liste de ces faux évangiles qui sont parfois au centre de notre vie et qui pointent aussi le bout de leur nez dans nos Églises. Chacun à sa manière nous « justifie » ou nous « sauve » malgré l’absence flagrante de grâce.
Formalisme : « Je participe aux différentes réunions et activités de l’Église, donc ma vie est sous contrôle. Je vais à l’Église, mais cela a peu d’impact sur mon cœur et sur ma façon de vivre. Je juge les autres et je suis impatient avec ceux qui n’ont pas la même compréhension de l’engagement que moi. »
Mysticisme : « Je suis en perpétuel recherche d’une expérience émotionnelle avec Dieu. Je vis à fond les moments où je me sens proche de lui et je souffre et me décourage souvent quand je ne me sens pas dans cet état. Je change parfois d’Église, en recherche d’une qui pourra me satisfaire sur le plan émotionnel. »
Activisme : « Je reconnais la nature missionnaire du christianisme et je suis passionnément impliqué dans tout ce qui peut contribuer à la réparation de ce monde brisé. Mais au final, ma vie est déséquilibrée en étant davantage préoccupée par une défense de la justice que par une saine et joyeuse recherche du Christ. »
Biblicisme : « Je connais ma Bible à fond, mais je ne la laisse pas me transformer. J’ai réduit l’Évangile à une série de propositions théologiques, donc je suis intolérant et critique envers ceux qui ont moins de connaissance que moi. »
Thérapisme : « Je parle beaucoup aux membres blessés de notre assemblée et leur dis que Christ est la seule solution à leur souffrance. Mais sans me rendre compte que j’ai créé un christ plus thérapeute que sauveur. Je vois la souffrance comme un plus grand problème que le péché. Mes besoins non satisfaits ont remplacé ma faillite spirituelle. »
Socialisme : « Je suis à la recherche de l’amitié et de la communion fraternelle dans l’Église. L’Église, le corps de Christ, est devenue plus importante que Christ lui-même, et, l’Évangile est réduit à un réseau de relations satisfaisantes avec des chrétiens. »
Ces façons de vivre ne découlent pas d’une saine compréhension de l’Évangile. Aucune de ces présentations n’est un exemple à suivre. Ce ne sont pas les signes d’une bonne spiritualité. Ces façons de vivre sont trompeuses et nous privent des bienfaits qui découlent du véritable Évangile.
J’ai conscience que cette présentation de ces faux évangiles est caricaturale et non exhaustive. En fait, ces faux évangiles mettent le doigt sur un aspect de l’Évangile mais elles déforment l’ensemble du message.
Oui, l’Évangile me pousse au changement.
Oui, l’Évangile me permet d’intégrer une communauté.
Oui, in fine, l’Évangile va combler mes besoins personnels.
Mais l’Évangile ne peut pas être réduit à un seul de ces aspects.
Changer vraiment : comment ?
Les idées ont des conséquences. Tout changement dans notre vie commence par notre intelligence. C’est pourquoi Paul écrit : « Soyez renouvelés dans votre intelligence afin de vivre d’une manière digne de l’Évangile, une vie qui honore pleinement Dieu » (Romains 12.2). Plus je m’expose aux vérités de l’Évangile, plus le Saint-Esprit peut travailler en moi pour me permettre d’en vivre les implications.
Pour rectifier le tir, il nous faut remplacer ces caricatures de l’Évangile par le vrai. Comment ? En nous prêchant la vérité et en nous laissant enseigner la vérité dans l’amour (Ephésiens 4:15).
De quel faux évangile vous sentez vous le plus proche ? Comment allez-vous vous prêcher l’Évangile en conséquence pour rétablir la vérité ?