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À quoi ressemble la vie d’un disciple authentique de Jésus ?

Dans un précédent article, Colin Donaldson a placé la vie de disciple dans le cadre large de l’histoire de Dieu avec les hommes. Être disciple, c’est devenir partie prenante de la mission de Jésus sur terre, c’est aussi travailler à la restauration de l’image de Dieu en nous.

Mais qu’en est-il concrètement, comment devient-on disciple, qu’est-ce qui fait la vie de disciple ? 

Anatomie du disciple

Un disciple, c’est avant tout un étudiant, un pupille, quelqu’un qui se met à l’école du Christ, quelqu’un qui choisit le Christ comme maître, qui marche sur ses traces, qui cherche à l’imiter. 

A ceux qui veulent le suivre, Jésus ne fait pas de mystère, cela engage l’entier de leur vie. Il n’y a pas de “je te suivrai, mais…” (Lc 9.59-62). Celui qui garde en réserve un domaine de sa vie, une possession, une relation qui prime sur le royaume de Dieu, à laquelle Jésus n’a pas le droit de toucher, n’est pas prêt à être disciple. En Luc 14.25-33, Jésus met bien en garde : celui qui ne renonce pas à tout, jusqu’à sa famille et à sa vie, ne peut pas être un disciple. Et il engage celui qui veut le suivre à “regarder à la dépense”, à se demander s’il est prêt à en payer le prix, de peur de commencer sans pouvoir pérenniser la démarche.

Cela ne veut pas dire que le disciple doive forcément abandonner sa famille (bien au contraire, 1 Tim 5.8), mais que s’il y a conflit entre cette loyauté-là et celle due au Christ (ce qui peut tout à fait arriver dans la persécution ou quand une famille refuse la conversion d’un de ses membres), c’est le Christ qui doit primer. 

Et pourtant, malgré ce haut degré d’exigence, Jésus n’hésite pas à affirmer que son joug (symbole de l’enseignement) est léger, qu’il donne du repos à ceux qui sont fatigués et chargés (Mt 11.28-30). Pourquoi ? Parce que le renoncement s’accompagne de la confiance en Dieu pour tous nos besoins (Mt 6.24-34) et que Jésus promet que le jeu en vaut la chandelle (Mc 10.28-30). Et ajoutons que ses instructions ne sont pas des commandements arbitraires et pénibles à suivre pour gagner à force de sacrifice un droit à la vie éternelle, mais que ce sont des instructions qui mènent à la vraie vie, à retrouver notre destinée d’image de Dieu, à vivre comme fils de Dieu ; bref, son joug est doux car ses instructions sont ce qu’il y a de mieux pour nous. N’oublions jamais que la joie de connaître Dieu dépasse toutes les joies de ce monde. 

Voilà pour les prérequis, les attitudes qui sous-tendent la vie de disciple ; mais dans le concret, comment cela se traduit-il ? 

Le disciple et la Bible

Le disciple est d’abord quelqu’un qui confesse Christ, qui le reconnaît comme son maître et qui ne doit jamais dissimuler où va sa loyauté (Mt 10.32-33). Ses disciples doivent se faire les diffuseurs de ce qu’il a enseigné (Mt 10.27). Mais l’affirmation de l’appartenance à Christ ne suffit pas, elle doit s’accompagner de la mise en pratique des paroles de Jésus (Mt 7.16-29). Comme un apprenti auprès de son maître, c’est la fréquentation de Jésus qui nous aidera à passer à la pratique. Maintenir cette relation passe par le fait de voir vivre Jésus dans les Évangiles, de méditer également l’Ancien Testament qui l’annonce et le Nouveau Testament qui explicite et met son œuvre en application. Jésus lui-même connaissait les Écritures (Jn 7.15) et s’appuyait sur elles pour son enseignement. Si le disciple n’est pas plus grand que son maître (Mt 10.24), comment oserions- nous nous dispenser de ce que Jésus jugeait nécessaire ? 

Le disciple et la prière

En plus de sa connaissance des Écritures, Jésus basait son action sur la prière, on le voit se mettre à l’écart pour cela (Mc 6.46), et c’est parce qu’il priait que ses disciples lui demandent de leur apprendre à prier (Lc 11.1). Jésus disait ne rien faire en dehors de ce qu’il voyait le Père faire (Jn 5.19), et si nous l’imitons en cela, nous chercherons à baser notre action sur une connaissance de Dieu aussi profonde que possible. 

Le disciple et son prochain

Et cela rejoint ce que Jésus enseigne : “Aimer Dieu de tout son être, et son prochain comme soi-même” sont les deux plus grands commandements (Matthieu 22.36-40). Pour ce qui est de la mise en pratique de cet amour, Jésus donne diverses instructions qui sont à la fois simples et extrêmement opposées à notre réaction naturelle, et qui pourraient sembler très incongrues si elles ne reflétaient pas exactement l’attitude que Jésus a eue envers nous tous : prêter à ceux qui ne peuvent pas rendre, aimer ceux qui ne nous aiment pas, bénir ceux qui nous maudissent (Mt. 6.40-48), ne pas juger, ne pas condamner (Lc 6.37), mais pardonner quiconque se repent (Mt 18.15-22), chercher à servir plutôt qu’à être servi (Mc 10.45), se rappeler qu’il y a plus de plaisir à donner qu’à recevoir (Ac 20.35). 

Cette route pourrait sembler trop exigeante, et elle le serait assurément si elle ne s’accompagnait pas d’une triple promesse : le Père nous aime (Jn 16.27), Jésus sera toujours avec nous (Mt 28.10), et l’Esprit Saint nous conduira dans toute la vérité (Jn 16.13). Être disciple, c’est aussi apprendre que sans Jésus, sans Dieu, nous ne pouvons rien faire (Jn 15.5). Ce que Jésus demande, ce qu’il ordonne, il donne aussi la force de l’accomplir. 

Et l’Église ?

On aurait aussi tort d’imaginer que la vie de disciple soit exclusivement une chose entre chacun de nous et Dieu, elle a aussi une importante part collective.

D’une part, parce que c’est l’amour et l’unité entre les disciples qui doivent témoigner au monde que Dieu a réellement envoyé Jésus (Jn 13.35 ; 17.23). Les relations restaurées entre les disciples du Christ sont un signe du Royaume de Dieu.

Et d’autre part, la communauté chrétienne est aussi une aide qui nous est donnée sur le chemin de l’imitation de Jésus-Christ. La communauté des disciples est un lieu d’instruction (Col 3.16), d’encouragement (1 Thes 5.11) et de réprimande (Mat 18.15-20, Gal 6.1-2), qui font progresser autant ceux qui les donnent que ceux qui les reçoivent. On appelle cet aspect de la vie communautaire chrétienne la “discipline”, et le lien avec le terme de disciple n’est pas du tout fortuit. La vie du disciple demande de la discipline personnelle dans la vie de prière, la lecture de la Bible et la mise en application de celle-ci, et cette auto-discipline se complète de l’aide que nous nous apportons les uns aux autres. Pour cela, nous avons besoin de communautés chrétiennes où l’on sache que tous désirent avancer sur la voie du disciple de Christ, où l’on se connaît assez, s’aime assez et se fait assez confiance pour pouvoir s’encourager sur ce qui va bien, s’épauler sur ce qui est difficile et se corriger sur ce qui va de travers.

Cet aspect est un réel défi dans l’époque individualiste qui est la nôtre ! 

“Suis-moi”

Ainsi donc, pour retrouver notre statut et notre rôle d’image de Dieu, il faut nous mettre à l’école du Christ, sans regarder en arrière ni garder en réserve des droits auxquels il ne puisse pas toucher. Il nous faut sans relâche témoigner qu’il est notre maître, et manifester cela par l’obéissance à ses instructions, par l’humilité, la confiance et le service, et par une vie communautaire qui soit le signe d’une humanité en cours de restauration.

Mais dans tout cela, il ne faut pas oublier que c’est seulement par la force que Dieu donne que nous pouvons voir le moindre progrès, et que dans tous nos efforts, nous ne sommes jamais en train de gagner notre “place au ciel” (cela, Jésus l’a fait une fois pour toutes sur la croix), mais nous marchons vers la restauration de notre être, par sa grâce et sa puissance agissant en nous. 


Note éditoriale : cet article a été publié initialement dans À Propos, N°34

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